"Cette année, la Fédération Française d’aéromodélisme souffle ses cinquante bougies. Beaucoup d’événements marquants sont venus ponctuer ce demi siècle d’existence, tant sur le plan sportif que sur le plan administratif. De nombreux membres ont largement oeuvré pour faire de la « fédé » ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Je vous propose donc une rétrospective, afin de mieux connaître l’histoire de notre hobby « made in France »...
Jusqu’en 1965, les activités aéronautiques étaient gérées en France par la Fédération Nationale Aéronautique (FNA). Elle était composée de plusieurs commissions. L’une était spécifique à l’aéromodélisme, composée de membres représentant toutes les régions françaises. A la suite d’un décret gouvernemental, la FNA fut contrainte en 1966 de se scinder en trois entités autonomes : les activités de vol moteur, les activités de vol en planeur et les activités d’aéromodélisme, confiées à une structure dénommée Fédération Française d’AéroModélisme (FFAM).
Une commission aéromodéliste se réunira donc le 16 janvier 1966 pour jeter les bases de la FFAM et procédera à l’élection d’un bureau directeur provisoire pour gérer les affaires courantes et créer les statuts. La principale mission de ce bureau présidé par Serge Maupetit fut de préparer l’assemblée générale constituante prévue pour octobre de la même année. Jean Ganier deviendra le délégué général de la Fédération en charge du secrétariat ; il accompagnera la fédération jusqu’à sa retraite avec un dévouement remarquable.
L’assemblée générale du 16 octobre 1966 organisée à Paris, valide le premier conseil d’administration fédéral élu par les clubs. Les statuts prévoient que la Fédération est administrée par un conseil d’administration de 24 membres où siègent les représentants des douze régions. Le conseil d’administration élit le président et tous les membres du bureau. Jean Moretti représentant la Normandie est seul candidat au poste de président et il sera élu. Le premier challenge de ce tout nouveau bureau sera d’organiser les cinquièmes championnats du monde de voltige radiocommandée qui se dérouleront en Corse en 1967.
Le Président Moretti met sur pied le réseau de contrôle sportif en 1963 qui est toujours actif aujourd’hui et qui regroupe les juges et commissaires techniques. Ce réseau est chargé du contrôle de l’ensemble des concours et championnats se déroulant sous l’égide de la FFAM.
En 1969, les locaux de la rue Poincaré à Paris où est basé le siège social sont devenus trop exigus : c’est le déménagement pour la rue Galilée, toute proche de l’Arc de Triomphe. Le secrétariat fédéral, assurera dans ces locaux, durant 25 ans, toutes les fonctions administratives inhérentes à une fédération sportive. En 1972, un nouveau championnat du monde est organisé à Toulouse : Les maquettes volantes (F4C).
En 1976, Jean-Louis Le Mée est embauché comme secrétaire administratif pour aider Jean Ganier dans sa tâche.
En 1980, la décision est prise de proposer à tous les licenciés la revue fédérale qui s’appelle Info Modèles.
Le brevet de pilote apparait en 1981 alors que les premiers grands modèles (p’tits gros) apparaissent dans les compétitions fédérales en semi-maquette.
Lors de l’assemblée générale de novembre 1981, Jean Moretti se retire le devoir accompli. Sous sa présidence, la fédération est passée de 123 clubs et 3684 licenciés à 237 clubs et 9274 licenciés.
Jean-Claude Rey, digne successeur de Jean Moretti, est élu président de la FFAM le 8 novembre 1981. Il aura par ailleurs été un acteur efficace pour l’obtention d’une nouvelle bande de fréquence pour la pratique de l’aéromodélisme : le 41 MHz. Dans la ligne de conduite de son prédécesseur, il annonce vouloir poursuivre la voie tracée avec trois objectifs : faire croître la FFAM, accompagner la compétition qui est en plein essor et faire reconnaître l’aéromodélisme par les instances supérieures de l’état.
En 1982, la FFAM est à l’origine de la création de l’UFFAS (Union des fédérations françaises aéronautiques et sportives) qui deviendra quelques années plus tard le CNFAS (Conseil national des fédérations aéronautiques et sportives).
Dès 1983, le troisième des objectifs que s’est fixé le nouveau président est atteint car la fédération est reconnue par le Ministère chargé de la Jeunesse et des Sports. Elle est, depuis cette date, agréée et délégataire de ce ministère, c’est-à-dire qu’elle détient les pouvoirs sportifs pour tout ce qui concerne les activités d’aéromodélisme en France.
En 1983, Jean Ganier, atteint par une maladie très invalidante quitte, contraint et forcé, la direction de la fédération et Jean-Louis Le Mée qui le secondait jusqu’alors lui succède au poste de directeur.
En 1984, la compétition internationale fait son retour en France avec l’organisation, sur le site de l’aéroport du Bourget, du championnat du Monde de maquettes volantes radiocommandées. Le bénéfice financier de l’opération permettra à la fédération de s’équiper en postes informatiques pour le secrétariat fédéral !
En 1985, après trois ans d’efforts, la FFAM est reconnue par le Comité National Olympique et Sportif.
En 1988, le Président d’Honneur Jean Moretti disparaît et sera rejoint trois ans plus tard par Jean Ganier. Ces deux hommes ont façonné l’aéromodélisme en France depuis la fin des années quarante et leur implication aura duré près de cinquante ans ! Afin de leur rendre hommage, deux challenges fédéraux portent leur nom. Sur le plan administratif et règlementaire, en accord avec la DGAC, la qualification de pilote de démonstration (QPDD) apparait en 1988 : elle rend les aéromodélistes plus crédibles vis-à-vis des autorités de tutelle dans le cadre des organisations de présentations publiques d’aéromodélisme.
En 1994, grand « virage » en perspective : les locaux de la rue Galilée s’avèrent trop petits pour permettre aux cinq personnes officiant au sein du secrétariat fédéral de traiter confortablement leurs dossiers (augmentation importante du nombre de clubs et de licences). Alors, la FFAM déménage dans le courant de l’hiver 1994 au 108, rue Saint-Maur dans le 11ème arrondissement, pour occuper 150 mètres carrés de bureaux.
Cette même année, sous l’impulsion du secrétaire général Francis Plessier, l’opération « 1000 jeunes » est lancée, elle donnera lieu à l’attribution de diplômes qui deviendront ensuite les Ailes de bronze, d’argent et d’or qui permettent aux jeunes cadets et juniors de valider leurs compétences acquises en pilotage. Parallèlement, les brevets A, B et C sont créés pour les adultes.
En 1995, la FFAM acquière le premier terrain d’aéromodélisme en France. Depuis, plus d’une dizaine d’autres terrains ont été achetés pour être mis à la disposition des clubs.
En 1996, la FFAM fête ses trente années d’existence et organise, sur l’aérodrome d’Etat de Saint-Yan en Saône et Loire, son « National ». Le principe est simple : organiser en un même lieu tous les championnats de France. Ce fut une fête extraordinaire, regroupant près de 1000 compétiteurs. Au delà de l’aspect purement sportif, ce National restera dans toutes les mémoires comme une fête jamais vue, un véritable feu d’artifice de l’aéromodélisme avec des avions, planeurs, hélicoptères évoluant dans toutes les zones de ce vaste terrain durant huit jours. Certains, qui l’ont vécu intensément en parlent encore... Ce National avait été pensé par Francis Plessier, qui ne savourera pas ce succès car il avait quitté le monde aéromodéliste en décembre 1995, victime d’un accident lors d’un voyage touristique aéromodéliste en Guadeloupe.
En 1997, Jean-Louis Le Mée quitte la FFAM pour la FNA et est remplacé au poste de directeur général par Thierry Bordier, toujours en poste à ce jour.
En 2000 pour commémorer le passage à un nouveau millénaire puis en 2004 pour garder le rythme, la FFAM organisera de nouveau son « National ».
En 2002 sont créées les différentes bourses destinées aux sportifs . L’année suivante, la « fédé » met en place un système de fourniture de matériel destinés aux jeunes cadets et juniors des clubs mais aussi pour certains établissements scolaires ayant signé une convention de formation avec un club FFAM.
En 2004, pour se conformer à la loi sur le sport et en vue d’une demande de reconnaissance d’utilité publique, la FFAM procède à un changement de ses statuts. Cette même année, le livre « La grande histoire des petits avions » est édité par la FFAM, c’est un ouvrage référence sur l’histoire de l’aéromodélisme écrit par Jean Champenois.
En 2005, deux championnats du monde sont organisés en vol radiocommandé : avion de voltige F3A à Saint-Yan et racers de course aux pylônes à Tours. Cette année-là, le secrétaire général Jean Rousseau qui occupe ce poste depuis la disparition de Françis Plessier touche au but dans l’attribution de deux fréquences dans la bande des 35 MHz. C’est un premier pas et la persévérance permettra d’obtenir des fréquences complémentaires quelques années après.
Cette année 2005 est également celle où une nouvelle page importante se tourne : lors de l’assemblée générale, le président Jean-Claude Rey ne sollicite pas de nouveau mandat. Il aura, entre son élection en 1981 et son départ en 2005, assuré 24 ans à la présidence de la FFAM !
Jean-Claude Rey laisse à son successeur une fédération solide, passée de 237 clubs et 9274 licenciés à 723 clubs et 22643 licenciés. Sous ses mandats successifs, la FFAM aura organisé huit championnats du monde et quatre championnats d’Europe. Elle aura aussi franchi un cap particulier en se mettant à l’heure d’internet et en publiant sur le web son premier site Internet, réalisé par des bénévoles.
Bruno Delor, compétiteur de haut niveau issu du vol circulaire emportera les suffrage les suffrages lors de l’assemblée générale de mars 2005.
Le comité directeur élu détermine alors 5 objectifs :
- développer la communication en vue de promouvoir l’aéromodélisme
- attirer durablement à l’aéromodélisme des nouveaux, notamment parmi les jeunes et les féminines
- identifier les attentes des clubs et mieux les satisfaire
- encourager l’activité sportive et la soutenir jusqu’au plus haut niveau de la compétition
- optimiser le fonctionnement fédéral en vue d’être plus efficace et réactif.
Avec ce programme, la FFAM comptait tirer partie des nouvelles technologies pour être plus proches des clubs et des licenciés.
Dès 2006, la volonté d’attirer un nouveau public s’affichait avec la participation de la FFAM au mondial du modélisme - manifestation qu’elle a toujours soutenue - sur un stand entièrement nouveau et ouvert vers le public. Ce fut un succès incontestable.
Au cours de ce premier mandat, plusieurs événements marqueront la vie de la fédération, en particulier le passage du cap des 25 000 licenciés au beau milieu de l’année 2008. Si les équipes de France brillaient de temps en temps lors de leur participation à des championnats d’Europe ou du monde lors des décennies précédentes, la barre des sélections en équipe nationale a été mise plus haut ce qui a contribué à l’élévation du niveau global. Avec pour conséquence directe, en 2006 et 2007, d’obtenir de remarquables résultats dans les disciplines vol libre, vol circulaire et vol radiocommandé aéronefs motorisés.
En 2009, la FFAM est reconnue d’utilité publique, un chantier qui avait été ouvert en 1994. Quinze années auront été nécessaires pour obtenir cette reconnaissance de l’Etat !
Enfin, plusieurs commissions sont créées, toujours dans le but de faciliter le fonctionnement fédéral. L’une d’entre elles s’est particulièrement penchée sur la réglementation applicable à l’aéromodélisme : fréquences, utilisation de l’espace aérien, caractéristiques des aéromodèles.
Côté communication, la FFAM lance ses premières Newsletters, effectue des formations auprès des dirigeants dans les régions, et édite des supports de communication à distribuer lors de manifestations organisées par les clubs.
En 2009, Bruno Delor est réelu.
Durant la période 2009-2013, on observe une progression constante du nombre de licenciés et d’exceptionnels résultats des équipes de France avec, enfin, l’arrivée de médailles pour le vol radiocommandé planeur dans les catégories planeur de vol de pente F3F et planeur lancé main F3K. La boucle est bouclée et la France, avec ces nouveaux résultats, se place en seconde position des pays les plus titrés pour les activités d’aéromodélisme.
Sur le plan administratif, une assistante de gestion sera embauchée en juin 2010 et un assistant de communication sera recruté en juin 2012. Cette dernière arrivée correspond au souhait de mieux communiquer et surtout de faire évoluer le portail internet de la FFAM.
La formation est considérée de façon importante par la FFAM, outre les dotations régulière de matériel « école » (moteurs, radiocommandes, simulateurs de vol, etc.), le comité directeur décide en 2011 de reconnaître officiellement les écoles professionnelles de pilotage en leur permettant d’obtenir un label fédéral.
Sur le plan de la compétition internationale, les équipes de France continuent de briller à l’étranger mais aussi en France lors des championnats d’Europe d’avion de voltige F3A et de planeur lancé main respectivement organisés à Châteauroux et à Chamblay en 2012.
Sur cette olympiade 2009-2013, la France accueillera le championnat du monde de planeur F3J en 2010 et le championnat du monde de vol libre extérieur en 2013. Quelques aéromodélistes s’intéressent sur cette période aux records du monde et s’en approprient trois en 2009, 2010 et 2011.
En 2013, Bruno Delor, président sortant, briguera un troisième mandat et sera réélu. Le comité directeur se met au travail rapidement avec comme objectif de préparer l’avenir.
Le travail réalisé durant les huit dernières années continue, et un championnat du monde de maquette (F4C) est organisé en 2014 à Marmande, où les équipes de France excelleront.
Le 16 Janvier 2016 a marqué les 50 ans de la FFAM. A cette occasion, une réception était organisée, ou les champions du mondes et les administrateurs étaient conviées. L’idée était de marquer l’événement en présence des personnes ayant marqués l’histoire de l’aéromodélisme depuis les cinquante dernières années. A cette occasion, des récompenses ont été remises aux sportifs ainsi qu’aux salariés (actifs ou retraités). L’événement était animé par Mr Bernard Chabert, véritable encyclopédie aéronautique, et Jean-claude Rey s’est vu remettre la légion d’honneur. Un anniversaire célébré dignement, avec des animations et vidéos retraçants les faits marquants des années passées...
Une soirée riche en émotion pour certains et en nostalgie pour d’autres. A présent l’histoire continue, espérons la aussi complète que durant ce demi
siècle, rendez-vous dans 50 ans ! "
Edition avril/mai 2016 de MRA.